Chez l’enfant, boire du lait entier plutôt que du lait écrémé n’est pas associé à plus de surpoids ou d’obésité, que du contraire, selon ce vaste examen des données. Faut-il dès lors revoir les recommandations sur le type de lait à privilégier chez l’enfant?
Décidément, le vent n’a pas fini de tourner pour les produits allégés en graisse… Le lait écrémé, précurseur des produits light, a été débarrassé de sa présumée «méchante» graisse, source de calories, et donc suspectée de favoriser la prise de poids. Tout semblait d’une logique implacable, à tel point que de nombreuses instances, dont la American Academy of Pediatrics, les autorités Européennes, Britanniques, Australiennes et Canadiennes, préconisent de remplacer le lait entier par du lait écrémé ou partiellement écrémé à partir de 2 ans, en vue de réduire le risque d’obésité infantile.
Mais avec le recul, l’allègement en matières grasses des produits laitiers n’a pas vraiment réussi à convaincre, que ce soit face à la progression du surpoids et de l’obésité, comme dans le domaine de la santé cardiovasculaire.
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Le lait entier associé à moins d’obésité et de surpoids
Cette revue systématique avec méta-analyse menée par une équipe de l’Université de Toronto, au Canada, vise à clarifier la relation entre le caractère entier ou (partiellement) écrémé du lait consommé par les enfants de 2 à 18 ans, et le surpoids et l’obésité. Elle a été conduite en suivant les recommandations qualitatives PRISMA-P. Sur les 5 862 rapports identifiés, seuls 28 répondaient aux critères d’inclusion. Aucune étude clinique n’a cependant été identifiée.
Les résultats, publiés dans le American Journal of Clinical Nutrition, indiquent que dans 18 études, une consommation plus élevée en graisse laitière était associée à une plus faible adiposité de l’enfant. Et dans les 10 autres études, aucune association n’apparaît.
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Faut-il changer les recommandations? Pas si vite!
La méta-analyse porte sur 14 des 28 études qui ont mesuré la proportion d’enfants consommant du lait entier ou du lait à teneur réduite en matière grasse. Les chercheurs ont effectué des mesures directes de l’excès de poids et de l’obésité. Les données portent sur 20 987 enfants.
Il en ressort que par rapport aux enfants qui boivent du lait (partiellement) écrémé (0,1 à 2% de matières grasses), ceux qui consomment du lait entier (3,25% de matières grasses) ont un risque d’excès de poids ou d’obésité réduit de 39%.
Précisons que cette étude ne permet pas de conclure sur le sujet, car il ne s’agit que d’associations, et pas de preuve d’un lien de cause à effet. Il serait nécessaire de mener des essais randomisés pour confirmer ce que révèle cet examen et conduire alors à un changement radical des recommandations, qui signerait la fin de la mise au pilori du gras dans le lait.
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