Faut-il continuer à recommander les produits laitiers maigres à la place de leurs homologues entiers? Une nouvelle étude d’envergure montre que la matière grasse laitière n’est pas aussi nuisible que ce qui est communément admis, loin de là…
Cela fait des décennies que la partie grasse des produits laitiers, riche en acides gras saturés, hante les esprits, et que les conseils diététiques privilégient les produits laitiers maigres, allégés en matières grasses. Mais depuis quelque temps, les fondements scientifiques de cette approche bien ancrée sont mis à mal, au point de remettre en question le bienfondé sanitaire de l’allègement en matières grasses des produits laitiers. C’est encore ce qui ressort de cette vaste étude menée par des chercheurs du University of Texas Health Science Center à Houston, au pays de l’Oncle Sam, où le «low-fat» est largement plébiscité.
Des biomarqueurs de la matière grasse des produits laitiers
Une des particularités de cette étude est qu’elle ne s’est pas fondée – comme bien des travaux précédents – sur une consommation estimée à partir de déclaratif, mais sur des biomarqueurs d’acides gras des produits laitiers dosés dans les phospholipides plasmatiques. Près de 3.000 adultes âgés de 65 ans et plus ont pris part à cette étude prospective avec un suivi de pas moins de 22 ans. Les biomarqueurs ont été mesurés à 3 reprises au cours des 22 ans, dont une fois au début.
Les résultats montrent qu’aucun des trois biomarqueurs de la graisse laitière n’est associé à la mortalité totale, et qu’un de ces biomarqueurs est même associé à une plus faible mortalité cardiovasculaire.
Des recommandations dépassées?
Le principal auteur de l’étude, le Dr Marcia Otto, déclare que ces résultats soutiennent et renforcent le faisceau croissant de preuves qui suggèrent que contrairement à la croyance populaire, la matière grasse laitière n’augmente pas le risque de maladie cardiaque ou la mortalité totale chez les adultes âgés. Et qu’outre cette absence de contribution à la mortalité cardiovasculaire, les résultats suggèrent même qu’un acide gras laitier pourrait réduire le risque de mortalité cardiovasculaire, en particulier pour les accidents vasculaires cérébraux, poursuit la scientifique.
Les recommandations américaines actuelles préconisent des produits laitiers avec pas ou peu de matières grasses, parmi lesquels bon nombre contiennent beaucoup de sucres ajoutés, ce qui pourrait conduire à une piètre santé cardiovasculaire et métabolique.
Précisons que cette étude n’a pas été financée par le secteur laitier, mais par le National Institutes of Health.