Si la prévalence du surpoids est plus commune dans certaines populations, d’autres souffrent de malnutrition et de retard de croissance. Une nouvelle étude indique que les différences de prix des aliments sains entre les différentes régions du monde pourraient expliquer en partie ces disparités.
Nous ne sommes pas tous égaux face à l’alimentation. D’après le dernier rapport EAT-Lancet, plus de 820 millions de personnes n’ont toujours pas accès à suffisamment de nourriture alors que 2,4 milliards en surconsomment. Au total, 50% de la population mondiale consomme un régime alimentaire limité en nutriments. Une nouvelle étude, publiée dans The Journal of Nutrition, analyse un des facteurs à l’origine de ces disparités: le prix des aliments.
À l’aide de données nationales sur les prix de 657 produits alimentaires standardisés dans 176 pays, des chercheurs de l’International Food Policy Research Institute (IFPRI) ont développé un nouvel outil de mesure. Celui-ci leur a permis de constater que le prix des aliments «sains» et «malsains» varie significativement et systématiquement selon le niveau de revenu et la région du monde.
Cet article pourrait vous intéresser:
L’alimentation, marqueur des inégalités sociales
Les prix des aliments essentiels à la croissance
Dans les pays les plus pauvres, les aliments de densité nutritionnelle élevée sont souvent très coûteux, et particulièrement les aliments d’origine animale, pourtant essentiels à la croissance des enfants. Par exemple, pour un apport calorique équivalent, les œufs et le lait frais sont souvent dix fois plus chers que les aliments de base, comme le pain, le maïs ou le riz.
C’est également le cas des céréales pour nourrissons enrichies. Leur prix est 7 fois plus élevé par rapport aux pays à haut revenu et parfois trente fois plus élevé que celui des céréales non enrichies que consomment habituellement les enfants dans les pays les plus pauvres.
Les chercheurs ont observé que le prix plus élevé de ces trois aliments est un indicateur d’un taux plus important de retard de croissance, et cette association est d’autant plus forte avec les produits laitiers.
Des aliments sains plus accessibles, mais le surpoids davantage présent
L’étude a également montré que le développement économique tend à rendre les aliments sains moins onéreux. Cependant, il semblerait qu’il en aille de même pour les aliments de densité nutritionnelle plus faible. Les boissons sucrées sont par exemple relativement chères dans les pays à faible revenu, au contraire des pays à haut et moyen revenus. Les résultats indiquent que le prix plus faible des aliments et des boissons sucrées est associé à une augmentation significative de la prévalence du surpoids chez les adultes.
Cette étude soulève des questions importantes à investiguer lors de futures recherches, notamment pourquoi les prix varient entre les différentes régions et comment influencer ces prix pour procurer une alimentation plus équilibrée à la fois dans les pays riches et les pays pauvres.
À lire également:
Réduire les inégalités de santé pour lutter contre l’obésité
Plus de surpoids chez les adolescents dans le sud de l’Europe