Selon une étude de FoodNavigator auprès de l’agence Mintel et de l’organisation Safe Advocacy Food Europe (SAFE), la tendance du « clean label » ne cesse de poursuivre sa croissance. Cependant, bien que de nombreux consommateurs et marques s’y intéressent depuis quelque temps, sa réelle compréhension continue à faire défaut.
Le terme « Clean label » ne comporte pas de définition officielle. Chaque consommateur l’interprète donc à sa façon. Certains le voient comme un produit ne contenant qu’un ingrédient, sans arômes artificiels. D’autres, un aliment issu de fermes locales… Le dénominateur commun est d’éviter les ingrédients et les additifs perçus comme non naturels ou artificiels, et qui se retrouvent majoritairement dans les aliments ultra-transformés. D’après Mintel research, une agence internationale experte en matière de données de consommation, 61% des consommateurs considèrent que les aliments ultra-transformés sont mauvais pour la . En effet, selon eux, le fait que ces aliments contiennent une longue liste d’ingrédients et qu’ils ne soient pas à l’état brut leur fait perdre leur caractère naturel.
Cependant, la plupart des consommateurs ignorent qu’il existe une réglementation européenne basée sur les avis de l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA), qui suit sans cesse les additifs de près. Cette dernière ne permet de mettre sur le marché que ceux considérés comme sans danger.
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Un manque de définition pour le « naturel »
Le terme naturel est lui aussi laissé sans définition légale. Selon SAFE (Safe Advocacy Food Europe), une ONG active dans la sécurité de l’alimentation, tout est basé sur la confiance. Si l’on venait à définir officiellement ce qu’est un produit naturel, cela impacterait fortement les consommateurs européens. En effet, comment réagiraient-ils en apprenant que certains produits d’origine naturelle contiennent en réalité des additifs alimentaires ? C’est par exemple le cas des glycosides de stéviol extraits de la Stevia ou E960a.
D’autant plus que les producteurs et les chercheurs, ainsi que les consommateurs, n’arrivent pas à s’accorder sur la différence entre un produit d’origine naturelle et un produit d’origine synthétique. En rayon, il est donc toujours difficile de les distinguer. Et même dans la vie de tous les jours ! Prenons l’exemple d’un plat fait maison. D’une manière générale, un consommateur estime que ce qu’il prépare lui-même est plus sain et plus naturel que d’acheter des plats préparés. Cependant, le « homemade » n’est pas systématiquement considéré comme « clean ». Cela dépend en réalité des ingrédients, voire de la recette et du mode de préparation utilisés.
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Pourquoi les consommateurs suivent-ils la tendance du clean label ?
De plus en plus de consommateurs se soucient de leur santé et de la santé de la planète. En suivant le « clean labeling », ils associent clean et naturel. Il s’agit donc d’un choix personnel et non médical. Les consommateurs sont en effet rassurés lorsqu’ils achètent des produits d’origine naturelle ou végétale. Les produits dirigés contre les allergies alimentaires rencontrent également un franc succès. Le sans gluten, sans lactose… sont souvent vus comme des produits plus sains et plus clean. Et les marques suivent attentivement ces tendances. On a par exemple vu apparaitre sur le marché en 2018 un yaourt composé de seulement deux ingrédients (75% de yaourt et 25% de fruits bio). Mais attention, il existe un dommage collatéral directement lié au clean label : le greenwashing, ou « écoblanchiment ».
D’après SAFE, les marques lient, elles aussi, « clean » avec « green ». Or, certaines ne le font pas de façon honnête ou transparente. Le greenwashing donne une image écologique trompeuse où les entreprises mettent en avant des préoccupations environnementales qu’elles n’appliquent cependant pas en pratique. L’important, comme toujours, reste donc de bien lire les étiquettes et d’accompagner les patients dans leur décryptage.
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Laura Rousseau et Nicolas Guggenbühl
Source:
FoodNavigator, 20-Jul 2022.
FoodNavigator, 04 aug 2022.