L’hypercholestérolémie est rentrée dans les moeurs. Avoir un taux de cholestérol élevé est en effet devenu un banal constat médical pour une grande majorité d’individus. Pourtant, il est souvent insuffisamment pris en charge, alors que les succès des recherches sur la prévention continuent à se multiplier.
Comment expliquer les difficultés à contrer les dégâts du cholestérol sur la santé cardiovasculaire? Les raisons sont variées et largement débattues. Est-ce une question de gènes? Une étude européenne récente a conclu que si nous ne sommes pas tous égaux face au cholestérol, notre patrimoine génétique ne peut cependant en expliquer qu’environ 10%. Les variations génétiques ne peuvent donc justifier qu’un faible pourcentage de cholestérol sanguin élevé.
Malgré tout, l’hypercholestérolémie de type héréditaire, à l’échelle mondiale, pose un réel problème, dans la mesure où près de 50 millions d’individus seraient concernés2 et la majorité d’entre eux serait sous-diagnostiquée et/ou traitée insuffisamment sous statines, ce qui multiplie le risque cardiovasculaire de façon drastique. Ce type d’hypercholestérolémie ne peut donc être négligé médicalement.
L’obésité plombe les résultats
Et si l’une des principales causes était le surpoids, dans un contexte où il touche plus d’un individu sur deux, dans la majorité des pays industrialisés? Le dernier congrès Canadian Cardiovascular Congress 2012 a centré les débats autour d’une protéine secrétée par le tissu adipeux: la résistine3. Ses taux sanguins sont proportionnels au volume de tissu adipeux, donc au surpoids. Or, elle augmenterait la production de LDL dans les cellules hépatiques et dégraderait les récepteurs de LDL dans le foie, altérant ainsi l’épuration de ce «mauvais» cholestérol de l’organisme.
La littérature des dix dernières années apporte les preuves cliniques de l’effet des stérols et stanols végétaux sur la diminution du cholestérol.
La résistine favorise l’accumulation de LDL dans les artères et aurait un impact défavorable sur les effets des statines. À ce titre, elle pourrait en partie expliquer pourquoi environ 40% des patients ne répondent pas ou mal aux statines. Des chercheurs américains auraient trouvé la parade en associant un nouveau médicament aux statines. Intitulé AMG 145, cette association permettrait de diminuer le cholestérol LDL de 66% après 12 semaines.
Fatalité et médecine?
Trop souvent encore, les médicaments et les recherches cliniques laissent dans l’ombre une autre réalité: l’efficacité de mesures hygiéno-diététiques, avant et pendant le traitement médicamenteux. Un bel exemple est celui des stérols et stanols végétaux, dont les bénéfices viennent d’être réitérés par un groupe d’experts indépendants internationaux dans la revue Atherosclerosis, le journal officiel de l’institut European Atherosclerosis Society.
Après compulsion de la littérature des dix dernières années sur le sujet, ils ont conclu que les preuves cliniques démontrent l´effet des stérols et stanols végétaux pour faire baisser le cholestérol. Leur usage, très simple, devrait être encouragé pour les personnes présentant un taux de cholestérol élevé, qui sont exposées à un risque accru de maladies cardiovasculaires.
Un consensus qui rejoint l’avis positif de l’EFSA, qui a approuvé les allégations de santé portant sur l’utilisation de produits enrichis en stérols et stanols végétaux, pour faire baisser le cholestérol LDL sérique, dans le cadre d’un régime alimentaire sain. Toutefois, le groupe d’experts insiste sur la nécessité de poursuivre les recherches sur les stérols et stanols, en particulier sur la formulation de doses optimales.
Et si Newton avait eu du cholestérol?
Son intérêt pour la pomme n’en serait que décuplé! Car les pommes sont un autre geste quotidien des plus élémentaires à suivre pour baisser le cholestérol. Effectivement, l’adage «An apple a day keeps the doctor away» se vérifie en partie grâce à l’action du fruit sur le cholestérol. Selon une étude de l’Ohio State University, celle-ci est significative déjà pour une seule pomme par jour, après seulement 4 semaines… Leur essai pilote a été conduit sur 51 adultes en bonne santé, qui devaient consommer quotidiennement soit une pomme Golden Delicious ou Red Delicious, soit une capsule comprenant 194 mg de polyphénols provenant d’un mix de pommes, soit un placebo.
Au terme de l’étude, les consommateurs de pommes ont vu le taux de LDL oxydée (la Low-density lipoprotein/ beta2-glycoprotein I complex ou oxLDL-ß2GPI) réduit de 40% en comparaison du placebo. L’extrait de polyphénols a également réduit significativement cette forme de cholestérol, mais de façon bien plus modeste que le fruit, ce qui suggère que les polyphénols n’expliquent probablement qu’une partie de l’effet ou alors qu’ils sont mieux absorbés dans le fruit entier.
Les probiotiques… non recalés
Le potentiel de la diététique dans l’hypercholestérolémie dépasse donc largement la recommandation générale d’une réduction des apports en acides gras saturés. Elle est bien plus vaste, comme le montre encore une étude sur une souche probiotique, le Lactobacillus reuteri NCIMB 30242, qui faisait l’objet d’un rapport positif de la dernière réunion de l’American Heart Association.
À raison de 200 mg administrés par jour pendant 9 semaines, il a baissé le LDL de 11.6% chez 127 sujets présentant un taux de cholestérol élevé, en comparaison d’un placebo. Le mécanisme d’action reposerait sur la dégradation des sels biliaires, ce qui limiterait l’absorption du cholestérol.
Compte tenu de l’efficacité de la mesure et de son coût modique, l’hypercholestérolémie est peut-être une voie de recherche qui mènera davantage au succès pour les probiotiques. Dans tous les cas, elle suggère une fois encore que les possibilités d’intervention alimentaire sur le cholestérol ne sont pas limitées, loin de là.
Références: Folkert W. Asselbergs, The American Journal of Human Genetics, Volume 91, Issue 5, 823-838, 11/10/2012. Ben M. et al., J Clin Endocrinol Metab, 2012 Nov; 97(11): 3956-64. Réunion annuelle de la Société Canadienne de Cardiologie, 28/10/2012. Robert P. Giugliano et al., The Lancet, Early Online Publication, 6/11/2012. Plat J. et al., Atherosclerosis; published online 19/10/2012. Zhao Shi et al., Journal of Functional Foods, Available online 29/09/2012. American Heart Association’s Scientific Sessions 2012, 5/11/2012.
FIA 17 – Décembre 2012