Selon les recherches d’une équipe de l’Université de Maastricht, l’exposition répétée au froid pourrait constituer une stratégie alternative pour le traitement comme pour la prévention du diabète de type 2, surtout si elle provoque des frissons.
Le diabète de type 2 se caractérise certes par une glycémie trop élevée. Cependant, on sait aujourd’hui que la principale cause n’est pas la consommation de sucres en soi, mais le développement de graisse viscérale (auquel les sucres peuvent participer, aux côtés des graisses, de l’alcool…). C’est donc bien une question d’apports et de dépense énergétique.
Les deux piliers principaux dans la prise en charge du diabète de type 2, comme pour sa prévention, sont l’alimentation – dont l’apport calorique – et l’activité physique – principal levier actionnable pour augmenter la dépense énergétique. Une autre manière d’augmenter la dépense énergétique, certes moins confortable, mais qui pourtant semble avoir bien des avantages métaboliques : l’exposition au froid !
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Contre le froid : le tissu adipeux brun
Le froid amène l’organisme à augmenter sa production de chaleur, ce qu’il fait au travers du tissu adipeux brun et, en cas d’urgence, des frissons. Le fait de vivre en situation de confort thermique la plupart du temps conduit à un amenuisement de ce tissu adipeux dédié à la production de chaleur, alors que l’exposition au froid le renforce.
Des expériences précédentes avaient montré que l’exposition au froid léger, soit 14 à 15 °C à raison de 6 h par jour, améliorait significativement la sensibilité à l’insuline de patients avec un diabète de type 2. Mais cela ne suffisait pas pour entraîner des modifications conséquentes du tissu adipeux brun.
Dans un poster présenté à l’occasion de la réunion annuelle de la European Association for the Study of Diabetes (EASD), qui s’est tenue à Stockholm du 19 au 23 septembre 2022, les chercheurs néerlandais ont fait le point sur leurs derniers travaux.
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Diabète : Le frisson particulièrement efficace
Onze hommes et 4 femmes ménopausées âgées de 40 à 75 et présentant un excès de poids ont été exposés au froid (de 32 °C à 10°C de manière à provoquer des frissons pendant une heure. Les résultats montrent que cette opération répétée conduit à une réduction significative de la glycémie à jeun (de 5,84 mmol/l à 5,67 mmol/l) et à une amélioration de la tolérance au glucose de 6 %.
Les taux d’insuline n’ont pas été modifiés (ce qui indique que les variations sur la glycémie ne sont pas dues à des variations de l’insuline). Cependant, les chercheurs ont observé une réduction des triglycérides plasmatiques à jeun de 32 % et des acides gras libres de 11 %. Or, il s’agit des principaux carburants lipidiques de l’organisme, qui sont pressentis comme des facteurs qui accroissent le risque cardiovasculaire et contribuent au développement de la résistance à l’insuline, donc au développement du diabète.
Bien entendu, aussi efficace soit-elle, on voit tout de suite les limites de cette approche, qui suppose de frissonner pendant une heure. Mais même sans frisson, l’exposition au froid plus modéré pourrait enrichir l’arsenal des mesures à mettre en place contre le diabète de type 2…
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Source:
Sellers A, van Beek et al. Maastricht University. Poster présenté à l’EASD, Stockholm, 19-23 septembre 2022.