Deux études publiées simultanément sont à l’origine de nombreux titres discréditant les probiotiques, notamment lors d’une antibiothérapie. Nous avons cherché à en savoir plus…
«Les probiotiques sont quasiment inutiles», titrait la BBC, jetant ainsi un fameux pavé dans la marre. Ce qui est d’ailleurs connu pour être médiatiquement porteur, quitte à sacrifier (un peu de) la rigueur scientifique. À l’origine de ce titre qui a fait l’effet d’une bombe, deux études publiées simultanément dans la revue Cell, pourtant une bonne référence en la matière.
Mais les conclusions et les messages de ces études sont étranges en regard de ce qu’elles montrent réellement. Comme le fait que les probiotiques ne colonisent pas l’intestin… rien de nouveau sous le soleil, même si certains travaux ont montré que chez 30% des personnes prenant du Bifidobacterium longum, la souche persistait 6 mois après l’arrêt de la prise.
Des travaux sans issues cliniques
C’est surtout l’utilité des probiotiques lors d’une antibiothérapie qui est remise en cause. Dans cette recherche, l’administration d’un probiotique entraîne un moindre rétablissement de la diversité du microbiote après la prise d’antibiotiques. Mais les experts de l’International Scientific Association of Probiotics and Prebiotics (ISAPP), dont le Prof Bruno Pot (VUB – IMDO), relèvent de nombreux points d’attention.
Comme le fait que cette étude de 8 personnes (ce qui est bien faible pour tirer des conclusions à l’échelle de la population) a été menée avec un seul probiotique (l’un n’est pas l’autre, on ne peut donc pas généraliser à tous les probiotiques), composé de 11 souches et qui n’a pas fait l’objet d’étude clinique auparavant.
Et surtout, cette étude n’a en rien jaugé l’efficacité clinique du probiotique. Or, c’est bien ce qui compte, car ce n’est pas parce que l’on ne trouve pas de signe indiquant un effet qu’il n’y a pas d’effet, y compris cliniques.
Les probiotiques administrés bien tardivement
Ajoutons à cela que les chercheurs ont administré le probiotique seulement 7 jours après l’antibiothérapie. Un calendrier étrange sachant que, comme l’attestent de nombreuses études cliniques, la prise d’un probiotique est efficace pour prévenir l’apparition d’une diarrhée associée aux antibiotiques, et qu’elle est instaurée au plus tard au début de l’antibiothérapie…
Enfin, la conclusion exprimée par les chercheurs, à savoir qu’à l’avenir, les probiotiques devront être conçus sur mesure pour rencontrer les besoins de façon individuelle, s’apparente plus à un point de vue «intéressé» qu’à une conclusion des travaux. En effet, il s’avère que plusieurs auteurs travaillent également pour une société active dans… la nutrition personnalisée!