Voilà un résultat étonnant d’une étude menée en Chine: ceux qui consomment le plus de piment voient décliner leurs fonctions cognitives plus rapidement que ceux qui en mangent modérément ou pas du tout. Décryptage.
Le piment, et surtout son composé piquant, la capsaïcine, ont déjà fait l’objet de bien des études, avec souvent, des résultats plutôt positifs pour la santé. Ainsi, le piment a été associé à une augmentation de la dépense énergétique qui, bien que minime, explique qu’il est considéré par certains, à tort, comme un agent «anti-obésité». Car non, manger pimenté de fait pas maigrir. Pire, cela pourrait même accélérer le déclin des fonctions cognitives qui survient inéluctablement au cours du vieillissement. C’est ce que rapporte cette étude menée en Chine, dont les résultats sont publiés dans la revue Nutrients.
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Piment et diminution des fonctions cognitives
Dans cette étude longitudinale, 4 852 adultes chinois âgés en moyenne de 63 ans ont été suivis pendant 15 ans. Les fonctions cognitives ont été évaluées après 6, 9, 13 et 15 années. La consommation de piment (frais et séché, sans le poivre et le piment doux) a été évaluée à chaque visite depuis le début de l’étude.
Les résultats montrent, après ajustement pour différents facteurs confondants, dont les facteurs socio-démographiques et liés au mode de vie, que le quartile avec la consommation de piment la plus élevée affiche les moins bons scores cognitifs au terme du suivi. Les auteurs rapportent en outre que l’association entre consommation de piment et le déclin cognitif est plus marquée parmi les personnes avec un BMI bas que parmi celles avec un BMI élevé. Ce qui ne signifie pas qu’il faille envier un BMI élevé pour cette raison, les études ayant tendance à montrer qu’au contraire, un BMI élevé est défavorable au vieillissement cérébral.
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Faut-il dès lors déconseiller le piment?
Ces données brutes pourraient faire croire qu’il faut dès lors, pour optimiser le vieillissement du cerveau et freiner le déclin de ses fonctions cognitives, déconseiller de manger du piment. Mais nous n’en sommes pas là. D’abord parce que cette étude ne permet pas d’établir un lien de cause à effet. Ensuite, lorsque l’on observe les données de plus près, on constate que le groupe mangeant le plus pimenté affichait déjà des scores cognitifs inférieurs aux autres niveaux de consommation à la première évaluation.
Mais surtout, parce que seul un niveau de consommation particulièrement élevé de piment est associé au déclin cognitif: plus de 50 grammes par jour, ce qui est énorme, et certainement hors normes en Europe. 50 g, cela correspond à une barquette d’une quinzaine de piments oiseau! Et comme rien n’est observé en-dessous de cette quantité, il n’y a pas de raison de déconseiller le piment!
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