Comment diminuer l’impact carbone de nos assiettes tout en ayant une alimentation nutritionnellement adéquate et acceptable sur les plans culturels et financiers? Les résultats d’une étude française fournissent des pistes intéressantes de réflexion.
Selon la FAO, une alimentation durable doit avoir une faible empreinte environnementale, être adéquate nutritionnellement, culturellement acceptable et abordable financièrement. Mais ces caractéristiques sont-elles compatibles?
Des chercheurs de l’Inra et d’Aix-Marseille Université ont simulé l’impact d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’alimentation sur sa qualité nutritionnelle et son prix. Les scientifiques ont modélisé les données recueillies dans l’enquête alimentaire INCA2 sur le panier des consommations de 1.899 adultes.
Impact, prix et qualité nutritionnelle
Ils ont croisé ces chiffres avec les données d’impact carbone des 402 aliments les plus consommés en France, avec les prix moyens de chaque aliment et des indicateurs de la qualité nutritionnelle de l’alimentation.
Les chercheurs ont analysé trois modèles:
- le premier sans contrainte nutritionnelle (FREE),
- un second imposant diminution des émissions de GES et respect de l’équilibre en macronutriments (MACRO),
- un modèle nutritionnellement adéquat (ADEQ) ajoutant au second la maximalisation de l’apport en nutriments intéressants (vitamines, acides gras essentiels…) et la limitation de l’apport en nutriments délétères (sodium, acides gras saturés et sucres libres).
30% de réduction des GES
Pour les modèles FREE et MACRO, la réduction des émissions de GES de plus de 30% diminue le prix des paniers, mais entraîne une dégradation de leur qualité nutritionnelle. Il faut en effet avoir recours au modèle ADEQ pour générer des paniers nutritionnellement adéquats.
Pour des réductions d’émissions de GES supérieures à 40%, il devient nécessaire de supprimer totalement la viande et les plats qui en contiennent et d’augmenter considérablement les féculents. Il est même possible d’atteindre jusqu’à 60% de réduction des émissions de GES avec le modèle ADEQ, mais ce résultat reste très théorique, car l’acceptabilité sociale risque d’être très faible.