Les personnes ayant un régime végétarien sont moins exposées aux polluants organiques persistants, mais davantage aux phyto-œstrogènes, mycotoxines et à certains oligo-éléments que le reste de la population.
Dans l’étude NutriNet Santé, 1.766 sujets ont déclaré ne pas consommer de viande. Selon leurs habitudes, les individus ont été classés comme ayant un régime ovo-lacto-végétarien (55%), pesco-ovo-lacto-végétarien (34%) et végétalien (11%). L’exposition à plusieurs contaminants a été estimée à partir des données de la seconde étude de l’Alimentation Totale (EAT2).
Moins de POP chez les végétariens
Les végétariens s’avèrent moins exposés aux polluants organiques persistants (POP), tels que les polychlorobiphényles (PCB) et les dioxines/furanes (PCDD-F). Les taux varient de 1 à 10 entre les végétaliens et les pesco-végétariens puisque les poissons, les crustacés et les mollusques sont les principaux contributeurs à leurs expositions.
Tous les résultats sont cependant inférieurs à ceux de la population générale, sans aucun dépassement des valeurs indicatives de santé.
Plus de phyto-œstrogènes, mycotoxines et ETM
L’exposition aux phyto-œstrogènes dans la population végétarienne se révèle 10 à 300 fois plus élevé que dans le reste de la population. Les principaux contributeurs des phyto-œstrogènes sont les «denrées alimentaires pour une alimentation particulière», consommées par 50% des végétariens (contre 12% dans la population générale) et en quantité 6 fois plus élevée. D’où, selon les auteurs, un risque pour la santé qui ne peut être exclu.
L’étude montre encore que les végétariens sont de 1,2 à 2,5 plus exposés aux mycotoxines T2/HT2 que le reste de la population. Ceci s’explique par une consommation du groupe «riz et blé» 2 fois plus importante que la population générale.
Par ailleurs, les végétariens dépassaient plus souvent (de 2,5 à 10 fois plus) les valeurs recommandées en certains Éléments Traces Métalliques (ETM) tels que le cadmium, l’aluminium ou le nickel. Les principales sources sont pour:
- Le cadmium: les légumes et les produits de panification. Entre 1,25% et 1,47% des végétariens dépassent le seuil des effets néphrotoxiques.
- L’aluminium: les boissons chaudes et les légumes. L’exposition est 1,5 fois supérieure à celle observée dans la population générale, mais sans risque pour la santé.
- Le nickel: les fruits secs, les noix, les céréales et les fruits. Les expositions sont entre 1,2 et 1,6 fois plus élevées que dans la population générale. 60% des végétariens affichent une exposition au nickel dépassant les recommandations de l’EFSA, d’où un risque pour la santé qui ne peut être exclu.
Pour que ce soit valable, il faudrait également parler de type de production : bio ou non, de type de conditionnement : frais, conserve, nourriture industrielle, cuit, cru, etc., l’âge, le sexe …
Bonjour Michèle,
Les auteurs précisent que les expositions aux pesticides n’ont pas été calculées dans la présente étude. Cela s’explique car les données de contamination disponibles ont été générées sans tenir compte des origines biologique ou non des produits alimentaires.
La population végétarienne de l’étude Nutrinet-Santé semblait consommer une grande partie des aliments biologiques (Baudry et al., 2015, 2016) qui pourraient être moins contaminés que les aliments conventionnels. Par exemple, une première étude parmi les participants à l’étude BioNutrinet-Santé (cf. http://bionutrinet.etude-nutrinet-sante.fr/) a souligné que les participants végétariens ou végétaliens avaient une part de nourriture biologique de près de 50%.
Les données de contamination utilisées dans le présent article n’a pas tenu compte de ce type de produit, donc l’exposition alimentaire aux polluants chimiques signalés dans la présente étude pourrait être surestimée.
Cordialement,
Bonjour,
On parle de contamination, donc clairement de quelque chose de négatif et concernant les phyto-oestrogènes il est dit que les végétariens sont jusqu’à 300 fois plus exposés mais le lien vers l’article sur les phyto-oestrogènes et les produits transformés lui, dit que ceux ci sont bénéfiques pour la santé … du coup c’est un peu confus pour moi !
Par ailleurs les sources responsables de ce taux de phyto-oestrogènes sont « les denrées alimenatires pour une alimentation particulière » … c’est à dire ???
Enfin pouvez m’expliquer le lien entre aluminium et boissons chaudes svp ?
Merci d’avance pour votre retour,
Bonjour,
1) Comme beaucoup de substances, les phyto-œstrogènes peuvent avoir des effets bénéfiques à certaines doses mais deviennent délétères au-delà d’autres valeurs. Ainsi l’Anses recommandait en 2005 de ne pas dépasser 1mg/kg de poids corporel/j d’aglycones pour les isoflavones. Parallèlement, afin d’assurer une prévention nutritionnelle vis-à-vis des maladies chroniques dégénératives, elle préconisait un profil alimentaire riche en produits végétaux, pouvant inclure des produits dérivés du soja non sucrés et en quantité modérée (1 à 2 produits par jour chez l’adulte), sans avoir recours à l’apport de compléments de phyto-estrogènes
2) Les «denrées alimentaires pour une alimentation particulière» correspondent aux «food for particular uses (energy drinks, meal substitutes, etc.)» que nous retrouvons dans l’étude pointée en pied de page. Il ne nous est pas donné d’autres précisions supplémentaires. À noter que les denrées alimentaires pour une alimentation particulière correspondent à une réglementation précise.
3) La présence d’aluminium dans l’eau de boisson peut résulter de sa présence naturelle dans les ressources en eau ou résulter du processus de potabilisation. En effet, lors du traitement de l’eau pour produire de l’eau destinée à la consommation humaine, les sels d’aluminium peuvent être utilisés lors de l’étape dite «de floculation». D’où le lien entre aluminium et boissons chaudes.
Cordialement,