L’origine des pathologies gastro-intestinales et le rôle de l’alimentation dans l’appareil digestif ne sont pas toujours clairs. Ce thème était au centre du congrès MaagDarmLever à Anvers.
Le symposium a passé en revue des sujets tels que la constipation, la dyspepsie, la maladie de Crohn, le microbiome et l’absorption des nutriments dans l’appareil digestif. Voici un aperçu des principaux points abordés.
Dyspepsie réelle ou imaginaire?
Le Prof. Dr Tack (gastro-entérologue à l’UZ Leuven) a indiqué que de plus en plus de Belges se rendaient chez un diététicien en cas de dyspepsie. Il a aussi été démontré que la dyspepsie liée aux repas était plus fréquente (69%) que la dyspepsie non liée aux repas (14%). En outre, des composantes cérébrales seraient impliquées dans ce phénomène. Certaines études ont ainsi révélé un problème au niveau du système d’atténuation de la douleur dans le cerveau. Il existe aussi une hypothèse selon laquelle le manque de cannabinoïdes entraînerait notamment un amaigrissement précoce, une dépression et de la douleur.
Il a également été démontré qu’un régime spécifique n’avait guère de sens. Ce sont surtout le volume des repas et les macronutriments qui ont de l’importance. La consommation de blé, de FODMAP, d’une grande quantité de graisses et de produits chimiques présents naturellement dans les aliments (comme les salicylates et les amines)* joue un rôle important dans le développement de la dyspepsie fonctionnelle. D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes en jeu.
Maladie de Crohn: un régime est-il nécessaire?
On oublie souvent que la maladie de Crohn peut se manifester de différentes manières. En plus de maux de ventre et de problèmes de transit, le patient souffre régulièrement d’aphtes buccaux et d’affections cutanées. Ces éléments ont été évoqués par la Prof. Dr Lisbeth Mathus-Vliegen (gastro-entérologue et professeur de nutrition clinique à l’Academisch Medisch Centrum).
Les conséquences sur l’état nutritionnel et le retard de croissance peuvent être inquiétantes. L’alimentation semble jouer un rôle limité dans l’apparition de la maladie, mais elle est primordiale dans son traitement, même s’il n’existe pas de régime spécifique. Un bon suivi des apports alimentaires est essentiel pour maintenir ou améliorer l’état nutritionnel, remédier aux carences en nutriments et atténuer les symptômes et les troubles. Ces informations ont été confirmées par la diététicienne Valérie Wandels (clinique IBD, AZ St.-Lucas). Une alimentation saine et variée est essentielle pour les personnes atteintes de la maladie de Crohn. Les apports alimentaires doivent être adaptés en fonction des symptômes, des complications et de l’état du patient (exacerbation et rémission).
Lisez aussi : L’héritabilité de la maladie de Crohn mieux caractérisée
Appareil digestif et constipation: les fibres sont-elles toujours utiles ?
Lors du symposium, la Prof. Dr Lisbeth Mathus-Vliegen a indiqué qu’outre des habitudes alimentaires et un style de vie inadaptés, des maladies organiques, un traitement médicamenteux et des maladies fonctionnelles pouvaient être à l’origine de la constipation. Certains facteurs de risques sont loin d’être évidents. Une agression sexuelle, une dépression et des repas peu fréquents peuvent ainsi favoriser la constipation.
Suffisamment d’exercice physique et d’apports en liquides et en fibres sont conseillés pour lutter contre la constipation. Si vous suivez déjà ces recommandations, plus de liquides, de fibres ou de mouvement ne sont pas nécessaires, indiquent les recherches scientifiques.
Selon le Prof. Dr Lisbeth Mathus-Vliegen, un petit-déjeuner riche en graisses, en fibres et en liquides est la clé pour un bon transit. Le thé constipe, tandis que le café (150 mg caféine) favorise la motilité du côlon.
L’effet du café (150 mg de caféine) sur la motricité du côlon est similaire à l’effet d’un repas de 1050 kcal.
Un régime riche en fibres n’est cependant pas efficace sur toutes les formes de constipation. Il est inutile dans les situations suivantes:
- Anomalie anatomique et troubles de la motilité du côlon et du rectum
- Troubles neurologiques dus aux maladies du cortex cérébral ou de la moelle épinière
- Activité diminuée et immobilité
- Utilisation continue de médicaments qui entraînent ou aggravent la constipation
- Mégarectum ou mégacôlon avec accumulation fécale et impaction fécale – dues à une constipation chronique