Pour la première fois chez l’homme, une étude randomisée montre que l’administration de la bactérie Akkermansia muciniphila améliore plusieurs paramètres métaboliques et pondéraux chez des sujets en excès de poids ou obèses.
Le microbiote intestinal est devenu en quelques années une cible très prisée pour s’attaquer non pas aux racines du mal de la malbouffe et de l’obésité, mais à un carrefour stratégique qui règle les flux de toute une série de perturbations métaboliques impliquées dans le développement de l’obésité, du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires…
Les travaux conduits principalement par le Prof Patrice Cani (Louvain Drug Research Institute, UCL) ont fait émerger une bactérie, Akkermansia muciniphila, dont la présence abondante dans nos entrailles est associée à une meilleure santé métabolique et une meilleure corpulence. Voilà qui mérite des investigations plus poussées…
À lire aussi: Obésité: une découverte mondiale et belge!
Akkermansia: plus forte morte que vive!
Des travaux chez l’animal ont montré que l’administration d’Akkermansia muciniphila était associée à plusieurs bénéfices métaboliques. Et à la plus grande surprise, les résultats étaient encore plus marqués lorsque la bactérie était pasteurisée que vivante.
Forts de ces résultats, Patrice Cani et ses collègues ont étendus leurs recherches chez l’Homme. Ils ont réalisé cette nouvelle étude contrôlée et randomisée, en double aveugle, en collaboration avec les Cliniques Saint-Luc. 40 personnes en excès de poids ou obèses présentant une résistance à l’insuline ont pris part à cette étude. Pendant 3 mois, des sujets ont pris soit 1010 A. muciniphila vivantes, soit la même quantité d’A. muciniphila pasteurisées, soit un placebo.
À lire aussi: Pourquoi les personnes en surpoids ont toujours faim
Des résultats encourageants
Les résultats, publiés dans le très sérieux Nature Medicine, sont prometteurs: non seulement la bactérie, morte ou vivante, a été parfaitement tolérée, mais par rapport au placebo, la forme pasteurisée a entraîné:
- une augmentation significative de la sensibilité à l’insuline de 28,6%,
- une réduction significative de l’insulinémie de 34,1% et de la cholestérolémie de 8,7%.
A. Muciniphila pasteurisée tend en outre à réduire légèrement le poids (-2,3 kg, P = 0,091) et la masse grasse (-1,37 kg, P = 0,092), par rapport au placebo.
Enfin, la bactérie inactivée a également réduit, après 3 mois, des marqueurs sanguins de dysfonctionnement hépatique et d’inflammation, sans pour autant affecter la structure du microbiote intestinal. De quoi encourager la mise sur pied d’études cliniques plus conséquentes pour confirmer ces résultats.
À lire aussi: manger trop vite favorise obésité et syndrome métabolique