Une analyse des informations diffusées au grand public sur les sites et dans les documents provenant de l’industrie de l’alcool tend à prouver qu’il existe une présentation volontairement déformée ou minimisée du lien existant entre la consommation d’alcool et le risque de cancers.
Une équipe de chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine et du Karolinska Institute de Suède a passé en revue le contenu des sites web et des documents émis par près de 30 organisations de l’industrie de l’alcool. Il en ressort que la plupart des sites (24 sur 26) présentent des distorsions évidentes d’informations quant à la relation du risque de développement des cancers et la consommation d’alcool.
Une stratégie évidente plutôt que de simples erreurs
Ces différentes sources d’informations ont plutôt tendance à défendre la complexité du lien entre consommation d’alcool et risque de survenue de cancers et insistent, parfois même, sur l’inexistence d’un lien cohérent et indépendant. Certaines sources nient carrément l’existence de tout lien ou affirment, de façon inappropriée, qu’il n’y a aucun risque en cas de consommation légère à modérée d’alcool, ajoutant même que l’alcool n’est finalement qu’un facteur de risque parmi tant d’autres…
Selon cette étude qualitative, l’Industrie de l’alcool utiliserait trois stratégies flagrantes:
- nier ou contester l’existence d’un lien entre consommation d’alcool et cancers;
- déformer l’information en ne mentionnant volontairement que quelques risques de cancer, mais en dénaturant et noircissant la nature et le poids du risque;
- et détourner l’attention sur les effets directement imputables à l’alcool dans la survenue des cancers communs.
Sur un plan scientifique, le lien est pourtant bien établi : la consommation d’alcool augmente le risque de survenue de la plupart des cancers connus, y compris des cancers communs sévères. Le fait que la sensibilisation du public reste faible et que la diffusion des informations ne soit pas suffisamment contrôlée, n’est pas sans poser de problème. Il est en effet admis qu’une meilleure sensibilisation du public, notamment en ce qui concerne le cancer du sein, représenterait une sérieuse menace pour l’industrie de l’alcool.
Une collaboration plus que gênante
L’utilisation de telles stratégies montre à quel point l’industrie de l’alcool sait ce qu’elle fait. Pourquoi bénéficie-t-elle d’autant de crédit dans les décisions politiques et dans la diffusion de messages santé à travers le monde? Ce type de collaboration, malgré de bonnes intentions, est loin d’être éthique et n’est pas sans rappeler l’histoire de l’industrie du tabac.
On sait pourtant que la consommation d’alcool est identifiée comme un facteur de risque pour de nombreux cancers (oro-buccal, foie, sein, colorectal) et liée à près de 4% des nouveaux cas de cancers décelés annuellement en Grande Bretagne.