Tous les travaux menés sur les allergies alimentaires indiquent que, très tôt dans la vie, le microbiote a besoin «d’entraînement», afin de réagir efficacement aux agressions auxquelles il devra faire face au cours de la vie. Il doit apprendre non seulement quoi attaquer, mais aussi quoi tolérer, condition sine qua non pour mieux prévenir le risque allergique. Et des interventions pour l’y aider existent.
Le meilleur ami de l’homme, meilleur ennemi de l’asthme
Plusieurs travaux confortent par exemple l’idée selon laquelle l’exposition des enfants aux animaux depuis leur plus jeune âge pourrait renforcer le microbiote intestinal. L’un d’entre eux, mené chez des souris exposées à de la poussière venant de maisons avec des chiens, montre que leur microbiote protégé contre l’asthme et les allergies respiratoires se différencie des autres: il serait plus riche en une bactérie, Lactobacillus johnsonii.
Un microbiote différent en cas d’allergie
Une étude européenne plus récente abonde dans ce sens. Les auteurs ont comparé 192 échantillons fécaux collectés entre 1 et 12 mois auprès de 28 enfants en bonne santé et 20 enfants présentant des symptômes allergiques vers l’âge de 7 ans.
Les résultats montrent que les enfants allergiques présentent des fractions plus faibles d’anticorps IgA liés aux bactéries intestinales de leur microbiote à l’âge d’un an, ainsi qu’une plus faible diversité bactérienne, en comparaison des enfants non allergiques.
Pour leurs auteurs, il y aurait donc une fenêtre critique de maturation pour le microbiote, probablement située entre la naissance et 3 ans. Celle-ci, si elle est associée à une diversité anormale de la composition du microbiote, déterminerait des réactions immunitaires aberrantes et le risque allergique plus tard dans la vie.
De plus, l’étude montrerait également que le système immunitaire de la mère et le type d’anticorps que le nourrisson reçoit via le lait maternel sont intimement connectés chez lui au développement des allergies.
Moduler le microbiote pour augmenter la résistance
Pour les auteurs de cette étude, des interventions telles que les prébiotiques, les probiotiques ou la promotion d’un allaitement maternel exclusif durant les premiers mois de vie sont assurément des pistes à privilégier, pour combattre l’asthme et les allergies.
Une conclusion renforcée par les résultats d’une récente étude australienne, qui révèlent que la supplémentation en fibres prébiotiques (inuline) chez des patients asthmatiques modifie favorablement le microbiome intestinal. Avec pour conséquence positive un meilleur contrôle de l’asthme et une réduction de l’inflammation des voies aériennes.