Les pesticides sont utilisés dans l’agriculture conventionnelle pour lutter contre les bioagresseurs: pathogènes, ravageurs et plantes adventices. Une étude de l’INRA en France montre que l’agriculture bio serait plus efficace dans ce domaine. De quoi mettre à mal de nombreuses certitudes du monde agricole!
Les conclusions de cette étude de l’INRA et de l’Université de Rennes, publiées dans Nature Sustainability, interpellent le secteur agricole, car elles indiquent que l’agriculture bio résiste mieux aux maladies que la conventionnelle! Elles ouvrent donc des perspectives intéressantes pour réduire l’usage des pesticides de synthèse, et donc mieux se prémunir contre eux dans notre assiette. Il faut accepter qu’une alimentation bio implique plus de mauvaises herbes dans les champs.
Moins de pesticides, plus de biodiversité, moins de maladies
Les chercheurs ont conduit deux méta-analyses d’envergure de la littérature scientifique, montrant l’impact des pratiques de l’agriculture biologique (AB) sur la stimulation de la régulation naturelle et le contrôle des bioagresseurs. Leur rapport établit que la régulation naturelle des bioagresseurs (qu’il s’agisse de taux de parasitisme, de prédation ou de compétition) est plus importante dans les systèmes de culture AB que dans les systèmes d’agriculture conventionnelle (AC), et ce pour tous les types de bioagresseurs (pathogènes, ravageurs ou adventices). Un constat qui suggère que les pratiques de l’AB stimulent les processus naturels responsables de la régulation des bioagresseurs.
Ne pas détruire les mauvaises herbes!
Les scientifiques ont également observé qu’entre les systèmes de culture conduits en AB et ceux conduits en AC, les niveaux de maîtrise des bioagresseurs dépendent du type de bioagresseurs.
Ainsi, les systèmes de culture conduits en AB subissent des niveaux d’infestation par des agents pathogènes (par exemple, champignons ou bactéries) plus faibles que ceux conduits en AC. Par contre, AB et AC endurent les mêmes niveaux d’infestation de ravageurs (insectes, nématodes, acariens et autres). Enfin, les systèmes de culture AB montrent des niveaux d’infestation par les adventices (mauvaises herbes) plus élevés que les systèmes de culture AC; leur présence contribuant vraisemblablement à la diversité des espèces antagonistes des bioagresseurs et à un environnement potentiellement moins propice aux maladies et aux ravageurs.