Boire de l’alcool, puis se mettre à la recherche d’un snack ou d’une friterie… Vous êtes-vous déjà demandé d’où vient la sensation de faim typique que l’on ressent après avoir bu de l’alcool? Selon des neurologues britanniques, il existe une explication neurobiologique à ce phénomène.
Nombreux sont ceux qui, parmi nous, connaissent probablement la sensation de faim typique qui se manifeste après la consommation de quelques verres d’alcool. On sait aussi que l’alcool conduit souvent à une surconsommation de nourriture et est lié à l’obésité, même si le lien sous-jacent n’est pas encore clair. Après la graisse, l’alcool est le nutriment possédant la plus importante densité calorique. Si l’ingestion de calories réprime habituellement les signaux de faim émis par le cerveau, créant ensuite un sentiment de satiété, ce n’est pas le cas lors de la consommation d’alcool, qui stimule justement la sensation de faim.
Le rôle des neuropeptides dans la sensation de faim
Le neuropeptide AgRP, de son nom anglais Agouti-related protein, joue un rôle important dans la sensation de faim que nous ressentons dans notre corps. Un neuropeptide est une molécule protéique qui communique à l’aide des neurones. En cas de manque d’énergie, l’hypothalamus produit cet AgRP, qui va donner envie de manger et stimuler l’ingestion de nourriture. Manger à l’excès suite à la consommation d’alcool a donc tout d’un paradoxe. Mais cette étude laisse apparaître un lien entre l’alcool et le neuropeptide AgRP.
Alcool: une étude sur les souris
L’étude a été réalisée sur des souris auxquelles on a administré de l’alcool pendant trois jours. Les rongeurs ont consommé l’équivalent de 18 verres d’alcool de taille standard, ce qui équivaut à une bouteille et demie de vin. Il en ressort que les souris «saoules» ont manifesté, pendant la période de consommation d’alcool, une ingestion de nourriture supérieure à celle des souris «sobres». Une hyperactivité des neurones AgRP a été constatée chez les souris après la consommation d’alcool. La stimulation de ces neurones entraîne à son tour une sensation de faim injustifiée et donc des excès alimentaires. Une fois ces neurones réprimés, les souris ont mangé en quantité significativement réduite. Outre ce mécanisme, de nombreux autres neurones pourraient intervenir sur les circuits cérébraux et réguler le comportement alimentaire.
En résumé, cette étude révèle que la consommation d’alcool est responsable d’une augmentation de l’activité des neurones AgRP et entraîne donc une sensation de faim. Cela montre que l’effet de l’alcool sur notre comportement alimentaire n’est pas uniquement influencé par des facteurs sociaux, mais aussi par des mécanismes neurobiologiques. Ces conclusions permettront à des patients luttant contre le surpoids et l’obésité d’être mieux compris et aidés.