Les frites surgelées affichent un Nutri-Score A ou B. Cette exception est souvent utilisée pour tenter de discréditer le système d’évaluation de la qualité nutritionnelle des denrées préemballées. On analyse le cas particulier des frites surgelées.
Le Nutri-Score continue à faire parler de lui, tantôt en bien, tantôt en mal, à tel point que même les professionnels de la santé se posent des questions. Pourquoi? Scientifiquement bien documenté et validé, reconnu par différentes instances de santé publique, le Nutri-Score fait l’objet de fake-news qui tentent de le discréditer. Elles sont dénoncées par les concepteurs, le Prof Serge Hercberg et son équipe, qui clarifient plusieurs points sur le blog Nutri-Score. Et s’il y a bien un exemple qui est souvent repris pour faire douter de la pertinence du code à 5 couleurs, c’est celui des frites. Un aliment qui, dans l’imaginaire collectif, est associé au fast-food, à la malbouffe, et donc devrait être sanctionné d’un E ou au moins d’un D…
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Les 1001 façons de cuire les frites
Comme pour les informations de la déclaration nutritionnelle obligatoire, sur lesquelles se base le calcul du Nutri-Score, les produits préemballés renseignent sur la composition du produit tel que vendu. Si ce produit requiert un mode de préparation bien spécifique (par exemple ajouter 200 ml d’eau pour une soupe en sachet), les informations nutritionnelles, et donc le Nutri-Score, peuvent être données sur le produit tel que consommé. Mais dans le cas de frites surgelées (qui sont en réalité des «pré-frites»), il n’est pas possible de déterminer la composition du produit préparé, tant il existe de modes de préparation différents à la maison: cuisson au four ou en friteuse, nature de l’huile utilisée, temps de cuisson, quantité de sel ajouté…
Conséquence, les fritures surgelées non précuites, qui ne sont rien d’autre que de la pomme de terre épluchée, ont un Nutri-Score A, et des frites précuites un Nutri-Score B… qui peut rester B lors d’une cuisson au four, passer au C après friture, voire au rouge selon la richesse en acides gras saturés de l’huile et la quantité de sel ajouté… Mentionner un mode de préparation bien précis des frites surgelées permettrait d’en déduire les valeurs nutritionnelles et le Nutri-Score, mais ce n’est pas obligatoire.
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Le saumon fumée, c’est salé!
Un autre exemple souvent avancé pour malmener le Nutri-Score est celui du saumon fumé, qui affiche la lettre D, alors que cet aliment est perçu comme “sain”. Il est vrai que si le Nutri-Score tient compte de la teneur en acides gras saturés, les acides gras oméga-3 ne sont pas pris en compte dans l’énergie imputable aux graisses. Mais quand bien même, si le saumon fumé affiche un D, c’est surtout parce qu’il paye le prix fort pour sa teneur en sel (autour de 3% de sel). Or le sel fait bien partie de préoccupations nutritionnelles actuelles. D’ailleurs, le saumon frais, qui ne contient que très peu de sel, affiche un Nutri-Score A, ce qui montre bien la pertinence du système.
Une pétition européenne pro Nutri-Score
Bien que soutenu par la Santé Publique et adopté par plusieurs acteurs de la distribution et de l’agroalimentaire, le Nutri-Score n’est en rien obligatoire. Cela limite donc son potentiel à aider à décortiquer la qualité nutritionnelle des denrées. Et les états n’ont pas la possibilité de rendre obligatoire l’apposition d’un logo comme le Nutri-Score sur les produits alimentaires. C’est pour tenter de faire changer les choses et rendre obligatoire le Nutri-Score au niveau européen, que 7 associations de consommateurs de 7 pays européens (dont Test-Achat en Belgique et Que Choisir en France), ont lancé une initiative citoyenne européenne PRONUTRISCORE. Pour que la Commission Européenne réponde à cette requête, l’initiative doit générer 1 million de signatures.
Lien vers la pétition: www.pronutriscore.org