Augmenter la part des protéines végétales dans l’alimentation est devenu un objectif nutritionnel largement relayé. Mais jusqu’où aller ? Surprise, selon cette étude, idéalement les protéines animales devraient contribuer à environ 50 % de l’apport protéique total.
C’est devenu LA métamorphose de l’alimentation du 21e siècle : la végétalisation de l’assiette, avec moins de produits animaux, et plus de produits végétaux. Cette transition vers plus de végétal, largement promue dans les pays occidentaux, est considérée comme bénéfique pour la santé humaine, et répond aux enjeux de plus en plus pressants de la durabilité. L’impact de cette végétalisation dans le cadre d’un modèle flexitarien n’est pas particulièrement préoccupant pour satisfaire les besoins dans les différents acides aminés indispensables. Mais cela n’est pas le cas pour d’autres nutriments essentiels, à en croire les travaux de cette équipe française.
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Jusqu’où abaisser les protéines animales ?
Nicole Darmon (Université de Montpellier) et ses collègues ont étudié, sur base de différents modèles, l’impact de cette transition protéique. L’objectif était de voir jusqu’où les protéines animales pouvaient être réduites sans mettre à mal l’adéquation nutritionnelle de l’alimentation et sans en augmenter le coût. Les chercheurs ont modélisé l’alimentation de 5 sous-populations, dont les besoins nutritionnels ne sont pas les mêmes :
- Femmes de moins de 50 ans
- Femmes de 50 à 64 ans
- Femmes de plus de 65 ans
- Hommes de moins de 65 ans
- Hommes de plus de 65 ans
Les résultats montrent que pour cette population adulte, le plus faible pourcentage de protéines animales compatible avec l’adéquation nutritionnelle, l’accessibilité et les habitudes alimentaires varie de 45 % à 60 % selon la population. La proportion la plus élevée s’appliquant aux femmes et hommes de plus de 65 ans et aux femmes de moins de 50 ans.
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1 g de protéines animales pour 1 g de protéines végétales
Les nutriments qui posaient le plus de problèmes pour atteindre l’adéquation nutritionnelle en réduisant les protéines animales n’étaient pas les acides aminés indispensables, mais la vitamine D, le zinc, les fibres, l’acide alpha-linolénique et les acides gras saturés pour tous les sous-groupes, et l’iode, le calcium, le magnésium et les sucres totaux dans certains sous-groupes. Le fer posait un problème uniquement pour les femmes plus jeunes qui ont des pertes en fer importantes durant les règles, et chez qui les apports recommandés (16 mg/j) sont très élevés.
Cette étude suggère donc que la règle de 1 g de protéines animales pour 1 g de protéines végétales qui est souvent visée en diététique, sans pour autant faire l’objet d’une recommandation officielle, garde tout son sens.
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Source:
Vieux F, t al. J Nutr Nut Epidem 2022. doi: https://doi.org/10.1093/jn/nxac150