Jusqu’où les protéines végétales peuvent-elles remplacer les protéines animales, sans s’exposer à un manque? C’est une question de quantité, mais aussi et surtout de diversification de leurs sources.
Les protéines végétales ont le vent en poupe, et elles grignotent de plus en plus de parts de marché aux protéines animales. Si cette tendance est généralement plutôt bien vue par bon nombre de professionnels de la santé, le profil en acides aminés indispensables (AAI) des protéines végétales n’est pas aussi favorable que celui des protéines animales.
Se pose dès lors la question de savoir jusqu’où ce remplacement de l’animal par le végétal peut s’opérer, tout en assurant une couverture adéquate pour les 9 AAI chez l’adulte.
Besoins en protéines
Pour répondre à cette question, le Prof. François Mariotti (Université Montpellier, SupAgro, Montpellier) et ses collègues ont mené des simulations à partir des données issues de 1.678 adultes, enrôlés dans l’enquête nationale INCA1 et des tables de composition CIQUAL 2016, et complétées d’autres données si nécessaire.
Ils ont simulé un remplacement progressif des protéines animales par différentes associations de sources de protéines végétales: celles qui faisaient partie de l’alimentation, représentées surtout par les céréales, mais aussi les effets de l’introduction de légumineuses, noix et graines.
Les résultats, publiés dans la revue Nutrients, montrent que jusqu’à 50% de protéines venant de végétaux, tous les modèles répondaient aux besoins en protéines totales et les AAI. À partir de 50% de protéines végétales, l’inadéquation avec le besoin tenait avant tout à la quantité de protéines, et non à leur qualité.
Rôle des légumineuses, noix et graines
Les problèmes liés à la qualité des protéines apparaissent lorsque les protéines végétales représentent 70% de l’apport protéique. C’est la lysine qui apparait comme premier facteur limitant. Attention, il s’agit toujours des protéines végétales consommées dans l’alimentation des Français. Car lorsque les chercheurs diversifient les sources de protéines végétales, en introduisant les légumineuses, les noix et graines, l’apport en protéines est adéquat, même à des pourcentages de protéines végétales plus élevés.
Cette étude montre bien que pour satisfaire ses besoins en protéines dans un contexte qui se végétalise, il ne suffit pas de manger plus de ce que l’on mange déjà, essentiellement des produits céréaliers, mais diversifier les apports en protéines végétales avec les légumineuses, noix et graines.