Selon cette étude de l’Université de Barcelone, les brunchs et les horaires décalés des repas pourraient façonner le risque de surpoids et d’obésité. En d’autres termes, la régularité des repas et le respect des rythmes circadiens semblent essentiels pour contrôler le poids.
Horloge biologique, rythme et horaires décalés
Cette étude, publiée dans la revue scientifique Nutrients, s’intéresse de façon très précise à notre horloge biologique. Cette dernière organise le fonctionnement de notre corps pour, entre autres, métaboliser les calories consommées en fonction de la période d’un cycle de 24h. La lumière est le signal qui sert à synchroniser l’horloge interne. La nuit, par manque de lumière, l’horloge interne prépare le corps au jeûne pendant le sommeil.
Et que se passe-t-il si on ne respecte pas les rythmes circadiens au niveau des repas? Certaines études ont déjà montré que manger tard le soir élève le risque d’obésité. Les chercheurs apportent ici la preuve que manger à des heures inhabituelles serait également défavorable au contrôle du poids.
« Consommés à une heure inhabituelle, les nutriments peuvent agir sur la machinerie moléculaire des horloges périphériques (externes au cerveau), en en modifiant le rythme et donc les fonctions métaboliques essentielles de l’organisme ».
Maria Izquierdo Pulido, Université de Barcelone.
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Plus le décalage est important, plus le BMI augmente
La nouvelle étude a été réalisée sur une population de 1 106 jeunes (âgés de 18 à 22 ans) en Espagne et au Mexique. Les chercheurs ont analysé la relation entre l’indice de masse corporelle et la variabilité des horaires de repas pendant les week-ends par rapport au reste de la semaine. Et ils ont suivi en particulier le décalage des horaires alimentaires (eating jet lag) par rapport aux horaires traditionnels des repas.
Les résultats sont surprenants sur la santé: la modification de l’horaire des trois repas principaux pendant le week-end est potentiellement associée à l’obésité:
- L’impact le plus élevé sur le BMI pourrait se produire lorsqu’il y a un décalage de 3,5 heures dans la planification des repas.
- À ce stade, les auteurs ont observé une augmentation de BMI jusqu’à 1,3 point chez plusieurs individus, ce qui, si cette habitude est chronique, pourrait bel et bien prédisposer à l’obésité.
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Chronobiologie: un manque de synchronisation entre temps social et temps corporel
Pour expliquer le lien entre le décalage horaire et l’obésité, les auteurs suggèrent l’hypothèse d’une «chronodisruption», c’est-à-dire un manque de synchronisation entre l’horloge interne du corps et le temps social. En effet, notre horloge biologique est un vrai «coucou suisse» en état de vigilance permanent: elle dégaine la même réponse physiologique et métabolique aux mêmes heures de la journée, tous les jours de la semaine.
Des horaires fixes pour manger et dormir aident donc l’organisme à mieux fonctionner et favorisent l’homéostasie énergétique (sauter des repas est aussi déconseillé). En d’autres termes, les individus ayant une forte irrégularité des repas ont un risque plus élevé d’obésité, ce qui est notamment bien établi en cas de travail de nuit chez les travailleurs à horaires décalés (shift workers). Il reste maintenant à vérifier ces hypothèses sur les rythmes biologiques à long terme.
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