Un probiotique peut-il réduire le niveau de stress, d’anxiété et d’insomnie ? Oui, selon cette étude pilote menée auprès de travailleurs dans le secteur des technologies de l’information. Bienvenue dans l’ère des psychobiotiques !
La découverte d’un axe intestin-cerveau a ouvert la porte à de nouvelles recherches sur les effets du microbiote intestinal sur le mental, et sur la façon d’intervenir notamment avec des probiotiques. Il semble que le microbiote intestinal et ses métabolites soient capables d’influencer le comportement et, à l’inverse, le stress (physiologique et psychologique) peut endommager le microbiote et la perméabilité intestinale. Dès lors, des probiotiques pourraient être en mesure d’avoir un effet bénéfique chez des personnes souffrantes de maladie psychiatrique, ce qui porte le nom de « psychobiotiques ».
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Diminution des taux de cortisol salivaire
Pour évaluer les effets d’un probiotique sur le stress, ces chercheurs taiwanais ont mené une étude auprès de travailleurs du secteur des technologies de l’information (IT). Pourquoi ? Parce que 54 % des travailleurs de l’IT rapportent avoir un niveau élevé de stress, de dépression, d’anxiété ou de problèmes de sommeil dus au travail. Or le stress altère le niveau de bien-être psychologique et le sommeil.
Dans cette étude pilote, publiée dans Frontiers in Nutrition, 36 travailleurs ont pris, pendant 8 semaines, du Lactobacillus plantarum PS128TM, une souche qui a été isolée de la fermentation spontanée de graines de moutarde à Taiwan. Au cours de cette période :
- les taux de cortisol salivaire, un biomarqueur du stress, ont diminué de façon significative.
- Les participants ont rapporté avoir plus d’énergie, plus d’émotions positives, une meilleure qualité de vie et santé psychologique.
- des améliorations sont rapportées pour la sévérité des insomnies, l’anxiété, le stress au travail, les émotions négatives et les symptômes gastro-intestinaux.
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Des molécules produites par les psychobiotiques
Les chercheurs pensent que ces effets passent par la sécrétion et la libération, par le Lactobacille, de molécules dans l’intestin, molécules qui peuvent être absorbées et rejoindre le cerveau, où elles pourraient augmenter les taux de sérotonine et de dopamine.
Bien entendu, il s’agit d’une étude pilote, et les résultats ne doivent pas être généralisés à d’autres populations. La prochaine étape étant, selon les auteurs, une étude randomisée en bonne et due forme, avec des investigations sur la perméabilité intestinale, le type de microbiote intestinal, la production d’acides gras à chaîne courte ainsi que l’imagerie médicale du cerveau pour observer les changements fonctionnels ou structurels et d’autres biomarqueurs.
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Wu S-I et al. Front Nutr. 26 March 2021. https://doi.org/10.3389/fnut.2021.614105