Alors que les acides gras oméga-6 sont souvent présentés comme les «mauvais», et les oméga-3 comme les «bons», cette nouvelle analyse remet les pendules à l’heure: les oméga-6 sont associés à une certaine cardioprotection.
Les discours en nutrition évoluent au fil des connaissances. Au cours de ces dernières décennies, la découverte des effets bénéfiques des acides gras oméga-3 a placé ces «bonnes graisses» sur un piédestal. Et dans la foulée, les oméga-6 ont été présentés comme néfastes. Une explication biochimique d’apparence assez convaincante contribue à façonner cette vision pourtant simpliste.
En effets, les oméga-6 sont les précurseurs de molécules favorisant l’inflammation et la vasoconstriction, alors que les oméga-3 génèrent des eicosanoïdes aux effets inverses. Il existe une compétition entre les deux familles d’acides gras. À tel point que l’on oublierait que les oméga-6, tout au moins son chef de file l’acide linoléique (LA), est tout aussi essentiel que l’acide alpha-linolénique, chef de file des oméga-3, et qu’il est également favorable à la santé cardiovasculaire.
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Taux sanguins et adipeux d’oméga-6 chez près de 70 000 sujets
C’est en tout cas ce qui ressort de cette vaste analyse issue de 30 études prospectives issues de 13 pays, et publiée dans la revue de l’American Health Association: Circulation. Les auteurs ont examiné les taux de LA et d’acide arachidonique (AA) dans le sang et dans le tissu adipeux, et ont recoupé ces informations avec la survenue de maladies cardiovasculaires. Ils ont examiné séparément les maladies coronariennes, les AVC ischémiques et la mortalité cardiovasculaire.
Pas moins de 15 198 incidents cardiovasculaires sont survenus chez les 68 659 participants. Les résultats montrent clairement que des taux élevés de LA sont associés à un risque plus faible de maladies cardiovasculaires, de mortalité cardiovasculaire et d’AVC ischémique (et une tendance, non significative, se dégage pour la maladie coronarienne). Et cela à la fois pour les taux de LA circulants que les taux adipeux.
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Il ne faut pas réduire les oméga-6!
Les données montrent en outre que l’AA n’est pas, contrairement à ce qu’ont suggéré certains travaux, associé à une augmentation du risque cardiovasculaire. Au contraire, les quintiles extrêmes montrent même une association inverse entre AA et l’ensemble des accidents cardiovasculaires.
Voilà donc qui donne un sérieux coup de vieux à la vision selon laquelle il faut impérativement rééquilibrer le rapport oméga-6/oméga-3 en réduisant sa consommation d’oméga-6 au profit de celle en oméga-3. Les deux familles sont essentielles, et sur base de la dernière enquête de consommation, si l’apport en oméga-3 est insuffisant et mérite d’être augmenté, celui en oméga- 6 est parfaitement dans les recommandations, et il n’est donc pas opportun d’appeler à une réduction de la consommation d’oméga-6!
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